Pensez comme un historien : l'explosion d'Halifax

ETHEL BOND Transcription de la lettre Utilisez cette feuille de travail pour accompagner l’exercice Exploration de l’activité 4 du guide pédagogique Pensez comme un historien : L’explosion d’Halifax. 298 South Street Halifax, N.-É. 16 décembre 1917 Cher oncle Murray, Je ne pouvais m’attendre, lorsque je vous ai écrit il y a quelques semaines, que je vous écrirais aujourd’hui dans des circonstances si différentes. Je sais que vous êtes tous très anxieux de recevoir des nouvelles officielles de notre part, et je vais essayer de vous mettre au courant de tout. Il est très difficile d’écrire à ce sujet, mais il semble que plus j’attends pour le faire, le pire c’est. Vous avez probablement reçu le télégramme de Jeanne ainsi que sa lettre, et vous savez que le pire nous est arrivé. Mais vraiment, oncle Murray, lorsque l’on voit la souffrance et l’agonie des gens, et qu’une personne après l’autre a été coupée au point de n’être plus reconnaissable, a vécu pendant un moment, puis est décédée, on se rend compte que nous avons lieu d’être reconnaissants. Papa, bien qu’il ait été tué et que nous ne savons plus vers où nous tourner, est maintenant libéré de toute douleur et de toute souffrance, et il ne saura jamais ce qui lui est arrivé. Le matin du désastre, Bid [surnom de Bertha, la sœur d’Ethel] s’était levée en retard, et papa et moi avions déjeuné et fait nos prières en famille. Mademoiselle Newcombe devait venir pour coudre, et j’étais pressée, alors lorsque nous sommes arrivés dans la cuisine, papa a ramassé notre contenant de sucre sur le plancher de notre garde-manger et est allé au moulin afin de le remplir. Je suis allée à la porte d’entrée afin de chercher le journal du matin, et je venais tout juste de me pencher lorsque j’ai été projetée au sol, assommée. Des choses continuaient à me tomber dessus et j’avais reçu un coup au menton, j’ai bien cru que c’en était fini pour moi. Il faisait complètement noir partout, et comme cela se produisait lors d’une belle matinée claire, j’ai immédiatement pensé que le dépôt de munition à Wellington avait explosé. La première chose dont je me souviens est de m’être sortie de sous toutes ces choses et d’être montée le long de ce qui restait des escaliers afin de retrouver Bertha. Elle se tenait dans le couloir du haut, près de la verrière, de la porte foncée de la garde-robe, et du sang semblait couler de partout. Elle était dans la toilette et a été projetée dans le corridor, et je crois que toutes ses lacérations provenaient de la vitre du grand cadre qui y est installé. Sa jambe gauche, depuis le genou vers le haut, était coupée à plusieurs endroits. Son visage était lacéré au complet et deux de ses dents avaient été arrachées. Elle ne portait que ses sous-vêtements et avait donc été très exposée. Une épaisse robe de chambre bleue a été complètement soufflée et elle ne l’a pas revue après. Elle dit avoir vu l’église s’effondrer avant de se faire elle-même projeter, mais je n’ai aucun souvenir sauf la seule grande explosion. Lorsque nous avons pris quelques vêtements pour Bid et que j’ai vu qu’elle était vivante, j’ai couru aussi vite que j’ai pu pour trouver mon père. Tu vois, je savais où il était parti alors j’ai rampé par-dessus des objets et je me suis rendue aux ruines. La grange avait été aplatie. Le moulin était dans le même état. Je ne sais pas où étaient les choses, mais tout s’était effondré. Je n’entendais rien et je l’appelais frénétiquement, mais je n’ai eu aucune réponse. J’ai cru qu’il était peut-être assommé et pris de façon à ne pas pouvoir bouger, alors je me suis mis à déplacer des boîtes et d’autres choses, et lorsque j’ai regardé au sol, son corps était à mes pieds et tout était silencieux. Oh, je ne pourrais te dire comment je me suis sentie. C’était si horrible, et les gémissements et les pleurs dans l’air continueront à résonner dans mes oreilles pour une éternité. Quelque chose, on ne sait pas quoi, a frappé papa sur la tête, causant une profonde lacération et le tuant sur le coup. Sa tête saignait terriblement et nous ne pouvions rien faire. Son cœur ne battait plus et sa tête, à cause du coup et de la perte de sang, était déjà froide. Bid est venue et nous avons commencé à déplacer quelques choses, mais les cris des survivants qui avaient besoin d’aide étaient si insistants que nous avons simplement dû partir les aider. Des feux se sont déclenchés tout de suite après l’explosion et nous avons dû agir rapidement. Notre maison ne s’est pas enflammée P E N S E Z C O MM E U N H I S T O R I E N . C A

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