Pensez comme un historien : l'explosion d'Halifax

hors de là. Les deux autres étaient morts. Je l’ai laissé + aidé d’autres gens que tu ne connais pas + suis retournée chez les Killam à temps pour l’aider à aller chercher un lit pour M. K. dans notre champ. À ce moment-là, les feux rageaient + un coup d’œil au presbytère prouvait que de l’aide urgente était nécessaire là. Donc j’ai dit à Ethel que nous devions nous y rendre rapidement. Je n’oublierai jamais le regard de M. Swetnam lorsqu’il a parlé, et si nous n’étions jamais allées, il n’aurait jamais été sauvé. C’était alors le temps de partir, donc nous avons couru jusqu’à notre maison et ramassé tout le linge possible. Nous sommes montées à l’étage et j’ai alors pensé à ma bague. Elle était rangée dans ma boîte à bijoux sur le bureau. Je l’ai trouvée parmi le plâtre, mais le plateau avait disparu. En une minute je l’ai trouvé, mais pas de bague. Je savais que je devais la trouver et je l’ai trouvée + ma montre qui était aussi dans le désordre. Nous n’avions pas le temps de chercher autre chose ou quoi que ce soit pour transporter plus de choses alors nous sommes allées ramasser quelques vêtements. J’ai ramassé assez de morceaux aléatoires pour finir de m’habiller plus tard – nous avons pris tous les vieux manteaux dans les garde-robes. Nous avons habillé les deux Swetnam + étions prêtes à partir lorsque j’ai déposé mon butin + je suis partie voir si le coffre-fort était quelque part. Il m’est venu à l’esprit que s’il s’agissait d’un obus venu de la mer, un autre pourrait arriver, alors je l’ai ouvert au premier essai – j’ai déchiré quelques petits coussins pour les ouvrir + mis tout ce qui était dans le coffre dans les petits coussins – j’ai fermé la porte et lorsque je suis sortie, Ethel ne savait pas ce que j’avais fait. C’était une effroyable agitation. Au sommet de la colline, nous avons déposé nos choses et avons donné tous nos manteaux à l’exception de ceux doublés de fourrure que nous portions. Quelqu’un m’a donné un pansement pour mettre autour de ma tête et un homme de la Croix-Rouge est venu et m’a prise en main et m’a assise afin que je me calme. Bien sûr, je paraissais beaucoup plus mal en point que je ne l’étais + personne ne me connaissait. Alors on m’a fait monter dans une voiture et m’a emmenée chez les Theakston sur la rue Seymour. Au moment où nous partions, tout le monde a reçu l’ordre de s’en aller vers l’ouest ou le sud, puisqu’il y avait du danger au dépôt de Wellington, mais nous sommes reconnaissantes que ce danger ait été réglé juste à temps. Sur la rue Seymour, je ne voulais aller dans la maison, mais me suis assise au milieu de la rue + j’ai boutonné mes bottes. Cela a paru très long avant que les autres arrivent et nous nous sommes alors dirigés vers un grand champ au-delà de la rue South. Là, nous avons trouvé Mme Clarke + Hilda de la rue Russell et les gens de l’endroit se sont occupés de nous. Vers une heure, nous avons su que nous pouvions retourner dans les maisons, alors nous sommes allées chez Mme Frank Hillis, qui était juste là sur la rue Waterloo. Il y avait un poêle qui pouvait accueillir un feu, alors elle nous a fait une tasse de thé + après nous nous sommes habillées correctement + avons pansé nos coupures. Après le dîner, le petit Billy Page est venu nous chercher avec son bras et sa tête [illisible] et nous sommes alors allés à l’hôpital V.G. et avons reçu des soins appropriés. Lorsque nous remontions la rue South, nous avons vu M. + Mme Sutherland à l’extérieur, en train de poser des fenêtres doubles pour bloquer le vent. Nous leur avons dit qui nous étions, et ils ont insisté pour que nous revenions rester avec eux + pendant que nous étions à l’hôpital nous avons décidé que c’est ce que nous ferions, non seulement parce que nous préférerions être là, mais aussi parce qu’il y avait tant de gens chez les Hillis. Mme S. comme tu le sais est la sœur de Jim Ryan et elle est comme une mère pour nous, et c’est très agréable d’être ici avec elle. Elle veut que nous restions avec elle jusqu’à ce que nous sachions ce que nous allons faire. Je ne sais pas encore ce qui nous attend, mais nous ne nous inquiétons pas. Cela ne sert à rien. Jim R. est venu samedi, et il a fait plus pour nous que je ne peux te le dire pour l’instant. N’est-ce pas étrange, Sandy, comment nous sommes déménagées ici? Archie nous a trouvées et j’étais vraiment contente de le voir. Il était dans la maison Carleton lors de l’explosion et lorsqu’il est arrivé à notre maison, nous étions parties, mais Alice Grant lui a dit qu’Ethel + moi étions sur la colline. Lorsqu’il est arrivé là, l’ordre avait été donné d’évacuer, alors cela lui a pris un bout de temps avant de nous trouver. Il était allé à Dartmouth et avait trouvé les parents de ton frère avant de venir ici + c’était du bon travail parce que J.R. ne pouvait pas traverser du tout, mais pouvait dire à Renie ce que nous savions. Nous ne pouvons pas encore réaliser que cela signifie pour nous, que tant de nos amis sont morts + que tout notre côté d’Halifax est disparu + brûlé au sol, mais nous faisons face à nos problèmes du mieux que nous le pouvons sans jamais fléchir parce que beaucoup de gens sont dans une situation pire que la nôtre. Je veux plus que tout au monde te sentir près de moi, mais, Sandy, je tiens bon _____ - Ta ____ petite ____ (Bertha). Source : Lettre de Bertha Bond à Alexander (Sandy) Wournell, 10 décembre 1917 (collection privée de Koralee King).

RkJQdWJsaXNoZXIy NDM0MzE4