Voix d'ici
Ne vous trompez pas. La rafle des années 60 était une attaque menée contre l’identité autochtone, votre estime de soi, et qui vous êtes. Par conséquent, plusieurs d’entre vous ne se sont jamais sentis chez eux nulle part, pas dans les foyers et les communautés où ils ont été envoyés, et même pas lorsqu’ils sont retournés à la maison. Un survivant s’est rappelé : « À 19 ans, je suis retourné sur la réserve. Une minute, je suis blanc. La minute suivante, je suis rouge. Je n’ai jamais su à quel camp j’appartenais. » Un autre a dit : « J’ai perdu mon esprit. Il m’a été enlevé. » Les effets de ces actions gouvernementales se font encore ressentir aujourd’hui par vos familles. Les cicatrices de cette tragédie existent toujours, certaines aussi fraîches qu’elles l’étaient il y a une génération. Plusieurs d’entre vous nous ont dit que vous faites encore face des dysfonctionnements familiaux et à des relations difficiles en raison de ce qui vous a été fait. Certains survivants ont exprimé qu’ils ne se sont jamais sentis aimés durant l’enfance. Un survivant a dit : « Je ne pouvais comprendre ce qu’était le vrai amour ». Plusieurs d’entre vous ont eu de la difficulté avec leur identité suite à la perte de leur culture, de leur langue, et des liens avec leur famille. Plusieurs d’entre vous ont parlé des défis constants avec les systèmes gouvernementaux, l’éducation, la police et la justice. Lorsque nous regardons clairement ce qui vous a été fait, ce que nous vous avons fait, il n’est pas surprenant qu’il soit si difficile pour tant de personnes parmi vous de pouvoir faire de nouveau confiance. Plusieurs survivants ont parlé de mauvaise santé physique et mentale, de dépendance à la drogue et l’alcool, de dépression et de suicide, et de mort précoce chez la famille et les amis. L’héritage des pensionnats indiens était et est toujours une ombre sur nos vies. Plusieurs d’entre vous ont des parents et des grands-parents qui ont été traumatisés par les pensionnats indiens. Ces traumatismes vous ont souvent été transmis, et plusieurs survivants ont parlé des traumatismes continus vécus par leurs parents. Plusieurs ont peur d’avoir passé ce traumatisme à leurs enfants. Un survivant nous a dit : « Le cycle doit cesser ». Et nous sommes d’accord. Je demande une fois de plus aux membres de cette assemblée de regarder vers le haut, de voir ces survivants, de les honorer, eux et leurs ancêtres, de toute notre attention. À vous, les survivants de la rafle des années 60, à vos enfants, à vos parents, au reste des membres de vos familles, et à vos communautés, de ma part, comme première ministre de l’Alberta, de nous tous ici présents en tant que membres élus pour représenter les gens de l’Alberta, et au nom du gouvernement de l’Alberta, nous sommes désolés. Pour la perte de familles, de stabilité, d’amour, nous sommes désolés. Pour la perte d’identité, de langues et de cultures, nous sommes désolés. Pour la solitude, la colère, la confusion et la frustration, nous sommes désolés. Pour la pratique gouvernementale qui vous a laissés, vous les peuples autochtones, séparés de vos familles, de vos communautés et de votre histoire, nous sommes désolés. Pour ce traumatisme, cette douleur, cette souffrance, cette aliénation et cette tristesse, nous sommes désolés. À vous tous, je suis désolée. En cri, le terme est ni mihtâtam. En déné, le terme est bek’e nasdlí. En castor, le terme est sekaa-tah. En nakota the word is wécã ptac. En pied-noir, le terme le plus rapproché est tsik skâp(h) tsap spinaa’n. En soto, le terme le plus rapproché est gaween-ouchi-dahh-do-taw-naan. En mitchif le terme est ni mihtatayn. Nous sommes désolés. Pour qu’une excuse soit significative, elle doit aussi comprendre une promesse. Voici ma promesse, notre promesse, aux survivants de la rafle des années 60. Nous allons travailler avec les communautés autochtones, avec chacun d’entre vous. Nous nous assurerons que vos perspectives, vos désirs, et vos priorités pour vos familles et communautés soient reflétés dans ce que nous ferons à l’avenir. Personne ne connaît les besoins des enfants et des familles autochtones mieux que les communautés des Premières nations, métisses et inuites. Nous honorerons ce fait. Nous travaillerons avec vous, vos familles, vos aînés et vos communautés afin de corriger les injustices historiques, et pour trouver une voie vers la vraie réconciliation entre notre gouvernement et les Albertains autochtones. Ensemble, nous pouvons aider à guérir les blessures du passé. Ensemble, nous pouvons assurer que les enfants autochtones grandissent heureux, en santé et en lien avec leurs familles, leurs communautés et leurs cultures. Ensemble, nous nous assurerons que tous les Autochtones albertains jouissent des mêmes privilèges et des mêmes opportunités que tous les autres Albertains. Avec tout ce travail, nous ne partons pas de nulle part. Le travail qui a commencé avec la consultation sur la rafle des années 60 continue, et la relation construite grâce à ces consultations, une relation qui, nous l’espérons, est une forme nouvelle et grandissante de confiance, nous servira alors que nous continuons ensemble à suivre le chemin de la réconciliation. Invités d’honneur, monsieur le Président, membres de l’assemblée, je vous remercie du privilège d’avoir pu m’adresser à vous aujourd’hui est de la chance d’avoir pu exprimer nos plus sincères excuses pour la pratique gouvernementale connue sous le nom de rafle des années 60. Avant de terminer, j’aimerais souligner le travail extraordinaire de la Société autochtone de l’Alberta pour la rafle des années 60, et j’aimerais les remercier de leurs conseils et de leur leadership au cours des derniers mois. À toutes les personnes qui ont participé aux sessions d’engagement au cours des derniers mois et qui ont partagé leur histoire, merci encore une fois de votre courage et de nous avoir fait confiance. Nous honorerons cette confiance. Maintenant, monsieur le Président, je demanderais à tous les membres de l’assemblée de bien vouloir se lever et de se joindre à moi pour remercier et honorer les survivants qui sont avec nous aujourd’hui. 5.
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