Pensez comme un historien : l'explosion d'Halifax

immédiatement. Les Killam appelait à l’aide. M. K. était au lit – la diphtérie – et les enfants étaient là-bas sur la rue Seymour avec les Theakston. Mme Killam était dans le sous-sol au moment de l’explosion et croyait qu’elle avait fait une erreur avec la chaudière et qu’elle avait explosé. Elle a eu beaucoup de difficulté à s’extirper de là et s’est grandement épuisée. M. K. a été expulsé de son lit et ne pouvait vraiment faire quoi que ce soit pour s’aider. Tout l’arrière de la maison avait glissé et le deuxième étage avait été soufflé en angle, alors Bid et moi l’avons aidé à glisser en bas dans sa robe de nuit. Nous l’avons installé sur un matelas que Mme K avait lancé et l’avons couvert de couvertures pendant que Mme K. est allée chercher quelques vêtements pour lui. Nous les avons laissés et sommes allées au presbytère, de l’autre côté du champ, ne croyant pas trouver de gens encore en vie. M. Swetnam était dehors et essayait de sortir la petite Dorothy. Mme Swetnam et Carmen étaient toutes deux mortes. La petite Dorothy était intacte, mais elle était prise dans un petit trou d’où il semblait impossible de la sortir. Son père est allé dans le sous-sol pour chercher une vieille scie et a tenté de scier au travers du rebord, mais il sciait un peu puis lançait la scie au sol, désespéré. Elle était dans une sorte de triangle causé par la chute du mur de l’est au haut de la colline, et elle était si enfoncée que sa tête ne pouvait sortir par le trou. La pauvre enfant était atteinte de la coqueluche et a eu un épisode de toux pendant qu’elle était dans sa prison. Il ne voulait pas nous laisser essayer de grimper sur le mur, de peur que quelque chose ne s’effondre et écrase Dorothy, et lorsque je lui ai dit qu’elle devrait pousser pour sortir sa tête, que c’était une question de vie ou de mort, il m’a dit de ne pas lui dire une chose de la sorte. Le derrière de la maison était désormais en feu et nous étions désespérés, alors Bid a mis tout son poids sur un bout de bois qui dépassait et, les trois ensemble, nous avons réussi à sortir l’enfant. Rien ne pouvait être fait pour ceux encore dans les ruines alors que le feu nous a tous repoussés. Une pauvre femme dans la vieille maison des Gibson était vivante, prise sous le four, à l’étage. La maison était en feu et une autre femme était dans notre champ comme une folle. Nous ne pouvions rien faire pour la femme dans la maison, seulement prier qu’elle devienne inconsciente avant que le feu ne l’atteigne. C’était déchirant, et nous ne pouvions absolument rien faire pour l’aider. Nous avons ramené les Swetnam jusqu’à nos ruines et leur avons trouvé quelques vêtements et avons tenté d’apporter quelques choses. S’il n’y avait pas eu de feu, nous aurions pu récupérer beaucoup de choses. La rue Young au complet était en feu, tout comme les maisons de la rue Kaye, à l’opposé de nous. Nous avons ramassé des manteaux, surtout car ils étaient tout ce qui était visible. À l’étage, nous pouvions rentrer dans la salle de bain, la chambre de Bertha à l’avant et le couloir du haut. Toutes les autres pièces avaient été démolies. Je suis allée dans ma chambre, mais la seule chose que je pouvais atteindre était mon vieux manteau doublé de fourrure plié dans sa boîte avec des boules à mites. Tous mes vêtements et tout ce qui était sur ma vanité, en fait il ne restait plus rien. Tout était dans un tas désordonné empilé contre la porte, m’empêchant de rentrer. Tout l’arrière de la maison avait été soufflé, et j’étais couverte d’eau sale et d’autres choses à cause des tuyaux cassés. Au rez-de-chaussée, les salons étaient dans le même état. Nous ne pouvions vraiment rien trouver, et on nous a forcé de partir, ou nous aurions été entourées par le feu et n’aurions pas pu en sortir vivantes. Bid a ouvert le coffre-fort et en a tout sorti. Elle a déchiré deux coussins du sofa et les a vidés afin de les utiliser comme sacs. Nous avions chacune un nouveau manteau (le mien n’avait pas été payé) et ils étaient tous deux dans la garde-robe de la chambre d’amis, brûlés. Oncle Murray, je ne peux te dire comment nous nous en sommes tirées, mais nous nous sommes jointes aux foules de gens coupés et saignant terriblement, et alors que nous avancions, nous offrions nos manteaux à ceux qui avaient besoin de vêtements. J’ai vu des choses horribles. Vraiment, papa s’en tirait mieux que beaucoup d’autres. Il était prêt à mourir. Sa foi en Dieu avait toujours été un exemple pour nous, et nous savons qu’il s’est rendu au ciel sans souffrir et sans connaître les agonies vécues par certaines personnes, et cela nous rassure. Si j’avais été tuée en étant projetée sur le sol, je n’aurais jamais souffert. La douleur a commencé lorsque j’ai repris connaissance et réalisé ce qui se produisait. Cela a été extrêmement difficile de laisser le corps de papa, mais nous ne pouvions pas faire autrement. Nous avons atteint le sommet de la colline. Bertha est partie dans une voiture avec M. Killam vers la maison des Theakston. Les cris désespérés ont alors commencé, et les avertissements de courir vers les bois à l’ouest aussi vite que possible, parce que le dépôt de munitions dans les baraques allait bientôt exploser. Imaginez les sentiments de ceux qui étaient étendus sur les portes en guise de civières et des autres qui étaient simplement étendus sur le sol. Mais je ne vais pas continuer à assombrir tes pensées plus longtemps. Mme K, Evelyn, (Rev.) M. et Mme Laird (la sœur de Mme K. et son mari de l’Île-du-Prince-Édouard) ont marché le plus à l’ouest qu’ils ont pu puis ont tourné vers le sud pour atteindre la rue Seymour. Les soldats nous arrêtaient partout pour nous donner l’ordre de nous rendre dans un endroit ouvert. Après un moment, nous nous sommes retrouvés ici pour terminer dans le champ de Rod McDonald, à l’arrière du terrain de golf et à côté du bois Marlboro. Une chose après l’autre se produisait et finalement, nous nous sommes retrouvés

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